Il y a les chiffres, et il y a les sensations. D’un côté, Toulouse est déjà assuré de terminer premier de la phase régulière pour la troisième année consécutive. De l’autre, le Stade vient d’enchaîner deux défaites en trois matchs, s’est fait sortir de la Champions Cup, et inquiète jusque dans ses propres rangs. La colère froide d’Ugo Mola après la défaite face au Racing 92 (35-37) en dit long.
Le technicien ne décolère pas depuis l’élimination à Bordeaux. La gifle encaissée au Matmut Atlantique semble avoir ouvert une brèche chez les Stadistes, et l'impressionnante réaction contre Toulon à Marseille (50-16) n’a été qu’un feu de paille.
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Toulouse replonge
Contre un Racing pourtant à l’agonie, les Rouge et Noir ont manqué d’agressivité, de rigueur et d’orgueil. Pas un ballon pris en l’air, des rucks perdus en pagaille, un engagement aux abonnés absents. « On donne le championnat comme on a donné la Coupe d’Europe », lâchait Mola, amer.
Les joueurs, eux, assument. Anthony Jelonch parle de manque d’agressivité, de nécessité de se « regarder dans un miroir ». Virgile Lacombe va plus loin : « On a été déficients dans le combat collectif, on a perdu trop de duels dans les airs et au sol. »
Les mots sont durs, mais réalistes. Car la prestation face au Racing ne peut pas être relativisée au seul contexte d’une première place acquise. Elle pose question sur l’état de fraîcheur, de concentration et de cohésion du groupe à quatre semaines des phases finales.
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Une infirmerie bien remplie
Il faut dire que le Stade n’est pas épargné par les pépins. Dupont, Mauvaka, Ntamack, Ramos, Cros, Chocobares, Roumat... La liste des blessés est longue comme le bras. Cette hécatombe réduit la rotation et l’intensité à l’entraînement comme en match. D’où cette coupure bienvenue d’une semaine, que le staff veut transformer en sas de régénération physique et mental.
Reste à savoir si cette pause suffira. Car la forme actuelle de Toulouse inquiète autant que son fond de jeu. Le Stade ne maîtrise plus autant qu’avant, peine à mettre de la vitesse, perd des duels qu’il dominait, et laisse à ses adversaires le soin de dicter le tempo.
Surtout, l’écart entre le discours d’exigence du staff et la réalité du terrain commence à peser. Mola, d’habitude maître de ses émotions en public, s’est lâché deux fois en deux semaines.
Discours pour piquer ses joueurs et leur rappeler que les attitudes d’hier ne seront pas suffisantes du tout pour défendre notre titre. A voir la réaction du groupe contre le Lou!
— ACTU’ STADE TOULOUSAIN (@actu_stade) May 18, 2025
Pour les observateurs comme pour les futurs adversaires, l’équation est claire : Toulouse reste le grand favori du Top 14, mais sa solidité se fissure. L’UBB l’a fait tomber avec la manière. Le Racing l’a puni sur son engagement. Et la perspective de deux matchs à jouer - face à Lyon et Perpignan - ne sera pas une simple formalité. Si les Toulousains veulent défendre leur titre, il va falloir remettre les pendules à l’heure.