Et si tout changeait ? Si le rugby professionnel, tel qu’on le connaît, vivait ses derniers mois dans sa forme actuelle ? Ce n’est pas de la science-fiction, mais le scénario envisagé par les promoteurs du R360, une ligue privée, internationale, portée par des investisseurs aussi puissants que décidés.
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Une Super Ligue au parfum de dollars
Aux manettes, on retrouve Mike Tindall, ancien champion du monde anglais, mais surtout des mastodontes comme Fenway Sports Group (propriétaires de Liverpool), la famille Glazer (Manchester United) ou encore Red Bull. Objectif : créer une compétition mondiale réunissant les meilleurs joueurs de la planète sous forme de franchises, à la manière de la NBA ou de la F1.
At least we know that R360 is not a credible threat https://t.co/PWo1naA45X
— Lachlan Jeffery (@LachlanJeffery) August 1, 2025
Les chiffres donnent le tournis : 15 millions d’euros pour acheter une franchise, jusqu’à 1 million par saison pour les joueurs stars, des matches organisés à Tokyo, Miami, Londres, Dubaï ou Cape Town, des deals média avec Netflix, Amazon ou TikTok dans les tuyaux… Et une première saison prévue entre septembre et décembre 2026, avec huit matchs seulement pour démarrer.
Les internationaux anglais en première ligne
Selon le Mail Sport, la moitié de l’équipe d’Angleterre alignée lors du dernier Tournoi aurait déjà donné son accord de principe. Parmi les noms qui circulent : George Ford, Jamie George ou Henry Slade. Des joueurs capés, séduits autant par le projet sportif que par les promesses salariales et le calendrier réduit (16 matchs max par saison).
Le modèle inclut 12 semaines de vacances garanties, des voyages familiaux pris en charge et un style de jeu spectaculaire imposé. On parle même d’un player draft, comme en NFL, pour équilibrer les effectifs.
Et les Français dans tout ça ?
Pour l’instant, aucun Tricolore n’a officiellement franchi le pas. Mais des offres seraient dans les cartons pour tenter des stars du Top 14. Problème : le règlement actuel interdit aux joueurs non sélectionnables (hors Top 14) de jouer en équipe de France. Intégrer R360 signifierait, à ce jour, renoncer au XV de France.
Et ce n’est pas rien. Surtout à une époque où les Bleus visent la Coupe du monde 2027 en Australie. Même si les cas d’école Sud-Africains ou Néo-Zélandais, eux aussi confrontés à des règlements stricts, laissent entrevoir des ajustements possibles.
Un bras de fer à venir ?
Du côté de World Rugby, la réponse est polie mais ferme. Alan Gilpin, patron de l’instance, reste confiant dans l’attrait du rugby international : « Les joueurs veulent participer à des Coupes du monde, à des Jeux Olympiques. Le rugby international reste le sommet. »
Mais derrière les sourires diplomatiques, la bataille est bien engagée. Car si R360 réussit à attirer les meilleurs joueurs, la compétition pourrait ringardiser les championnats nationaux et poser un vrai dilemme aux fédérations.
Reste à savoir si les clubs, les ligues et les institutions céderont à la tentation ou feront bloc pour préserver leur modèle.
Un changement d’ère ?
La dernière fois qu’un projet de Super League privée a vu le jour, c’était dans le football européen. On connaît la suite. Mais le rugby n’a pas les mêmes moyens, ni la même stabilité économique. Et beaucoup de joueurs, de clubs et d’agents y voient une opportunité unique de redéfinir les règles du jeu.
Alors, révolution ou feu de paille ? Le compte à rebours est lancé. Et quoi qu’il arrive, le rugby mondial ne sortira pas indemne de cette histoire.