La mêlée, la touche et ce ''détail'' qui pourrait tout changer pour le XV de France face aux Springboks

2 semaines ago 24
C’est le match tant attendu de cette tournée de novembre du XV de France : le choc face aux doubles champions du monde sud-africains. Une rencontre sous haute tension puisque la dernière opposition entre les deux équipes remonte à 2023 et un certain quart de finale de Coupe du monde. Les Springboks reviennent donc à Paris deux ans plus tard, pour un test entre deux nations toujours au sommet du rugby mondial. Les Bleus ont remporté le dernier Tournoi des 6 Nations, tandis que les Sud-Africains sortent d’une victoire en Rugby Championship. Une compétition dans laquelle les coéquipiers de Siya Kolisi ont notamment infligé aux All Blacks la plus lourde défaite de leur histoire, 43-10 sur leur pelouse de Wellington. Si on ajoute à cela le succès 61 à 7 face au Japon du week-end dernier, les joueurs de la Nation arc-en-ciel semblent inarrêtables depuis leur sacre mondial. Une domination globale qui s’explique évidemment par la qualité de l’effectif sud-africain, mais aussi par la gestion de Rassie Erasmus, qui continue d’innover avec son équipe. L’opposition face au Japon permet de constater les changements de jeu des champions du monde, avec Sacha Feinberg-Mngomezulu qui anime le jeu d’une façon différente que ses prédécesseurs. Même si on retrouve des bases du jeu des Springboks, avec des mauls et des avants très puissants, un jeu au pied de pression constant et une défense agressive. Stopper les mauls sud-africains Une des priorités du staff du XV de France dans la préparation de ce match est d’arriver à stopper les groupés pénétrants des Springboks après touche. Car à chaque touche proche de la ligne d’en-but adverse, les joueurs sud-africains choisissent cette option et se montrent quasi-systématiquement décisifs. Ce secteur leur permet également de récolter des pénalités et surtout de mettre leurs arrières dans une situation d’avancée, avec plus d’espaces sur les extérieurs. Contre le Japon, le premier essai de la partie est inscrit par le capitaine Siya Kolisi suite à un maul assez spécifique. Suite à la prise de balle de Lood De Jager, les Springboks détournent immédiatement la pression en déviant leur axe de poussée sur leur pilier Ox Nche. Ce dernier sera d’ailleurs absent pour le match contre le XV de France, une tuile pour Rassie Erasmus, qui perd un des meilleurs piliers au monde et leur arme fatale en mêlée fermée. Mais pour revenir à ce maul, ce mouvement permet de contourner la pression de quatre Japonais, facilitant ainsi l’avancée du pack. Ce domaine est compliqué à défendre, puisque les joueurs de la Nation arc-en-ciel sont très puissants et qu’ils n’hésitent pas à changer leurs axes de poussées. Une solution pourrait être de défendre en l’air, mais le staff sud-africain opte généralement pour une composition d’équipe avec trois secondes lignes, dont un positionné en troisième ligne (souvent Pieter-Steph du Toit). L’alignement est donc très grand et composé de joueurs très performants en touche. Mais réduire le jeu des « Green and Gold » aux ballons portés serait réducteur, surtout depuis l’éclosion de leur ouvreur de la province du Cap. La menace Sacha Feinberg-Mngomezulu Sacha Feinberg-Mngomezulu est un numéro dix très complet, que ce soit au niveau de son jeu au pied, sa vision du jeu, ou encore son physique. Toujours décisif avec sa franchise des Stormers, il réalise également de très belles performances au niveau international, notamment lors du dernier Rugby Championship. Concernant son positionnement, il se trouve beaucoup plus proche de la ligne de défense que pourrait l’être Handré Pollard et n’hésite pas à attaquer les intervalles lui-même. On peut remarquer qu’il prend très peu de profondeur derrière ses cellules d’avants. Ce qui indique qu’il n’a pas peur de porter le ballon et de faire face à des défenses agressives et des montées rapides qui vont le cibler. Sacha Feinberg-Mngomezulu a inscrit un très bel essai en solitaire face au Japon. Mais l’action qui est plus intéressante à analyser est celle où il attaque la ligne d’avantage, après une passe dans le dos de son seconde ligne Lood De Jager. Le demi d’ouverture des Stormers arrive ensuite à dégager le haut de son corps en réalisant un raffut, pour réaliser une passe après contact à Kwagga Smith. Le troisième ligne joue ensuite parfaitement un deux contre un pour son pilier Wilco Louw qui inscrit un essai entre les poteaux. Au-delà des qualités individuelles de son ouvreur, l’Afrique du Sud s’appuie énormément sur ce qui a fait son succès face aux Tricolores lors du mondial : les duels aériens. En multipliant les jeux au pied de pression entre la moitié de terrain et les 22 m adverses, les champions du monde mettent constamment sous pression leurs opposants. Il faut d’ailleurs souligner le travail de leurs ailiers qui ne cessent de sprinter pour mettre la pression au réceptionneur dans les airs. Malgré leur déficit de taille (moins de 1,80 m), Cheslin Kolbe et Kurt-Lee Arendse sont de véritables dangers sous les ballons hauts, avec un timing (souvent) parfait pour contester le duel aérien. Les Springboks peuvent donc compter sur trois ouvreurs de grande qualité, même si Sacha Feinberg-Mngomezulu semble partir avec une longueur d’avance sur Handré Pollard et Manie Libbok. D’autant plus qu’il possède un profil qui regroupe les qualités des deux joueurs, avec le jeu au pied et la solidité défensive d’Handré Pollard et les qualités techniques et la vision offensive de Manie Libbok. Avec de tels atouts, les Sud-Africains vont sûrement être dans la continuité du jeu qu’ils proposent depuis 2023 contre le XV de France. Fabien Galthié et son staff doivent s’attendre à un engagement physique à travers des mauls, des contests dans les rucks, une défense très solide, et du jeu au pied de pression. Cependant, Rassie Erasmus prépare certainement de nouvelles tactiques, comme le repositionnement du centre André Esterhuizen en troisième ligne, pour apporter encore plus de dynamisme au pack des Springboks. C’était d’ailleurs face aux Bleus que les coéquipiers d’Eben Etzebeth avaient décidé de prendre une mêlée après un marque dans leur propre 22 m par l’intermédiaire de l’arrière Damian Willemse. Nul doute que ce choc entre le XV de France et l’Afrique du Sud nous réserve de nouvelles surprises de ce genre, dans un match à ne manquer sous aucun prétexte ce samedi 8 novembre au Stade de France.
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