Malgré de belles promesses et des révélations comme Mickaël Guillard, le XV de France ne se sera donc pas imposé en Nouvelle-Zélande, avec un effectif remanié. Tous les supporters des Bleus auraient évidemment aimé voir un Thomas Ramos, Damian Penaud ou encore Maxime Lucu face à cette équipe All Black.XV de France. ''Préparez-vous'', Galthié lance un avertissement fort aux Bleus avant la tempête de novembre
D’autant plus que les joueurs de Scott Robertson ont dominé l’ensemble des trois tests, mais sans se montrer impériaux, notamment lors de la première et de la dernière opposition face aux Bleus. Sur cette dernière rencontre à Hamilton, les hommes à la tunique noire ont également testé de nouvelles associations.
Une charnière et une paire de centre de la province de Super Rugby des Chiefs avec Cortez Ratima, Damian McKenzie, Quinn Tupaea et Anton Lienert-Brown. Mais aussi la titularisation du prometteur Ruben Love des Hurricanes. Un match dans lequel les trois frères Barrett n’étaient pas titulaires, seul Jordie était aligné en tant que remplaçant.
Son entrée coïncide d’ailleurs avec la bonne dynamique des All Blacks en seconde mi-temps. Une domination qui se traduit par l’influence du jeu au pied des deux équipes.
La gestion d’Hastoy n’a pas suffi
Cette rencontre peut donc être découpée en deux parties bien distinctes, avec une première mi-temps où les Bleus ont réussi à répondre présent dans la dimension physique, mais également dans l’occupation du terrain. Titularisé à la place de Joris Segonds, Antoine Hastoy a parfaitement maitrisé les quarante premières minutes face aux All Blacks, en s’appuyant sur un jeu au pied long.
En l’absence de Beauden et Jordie Barrett sur le quinze de départ, l’ouvreur rochelais a réussi à trouver plus de longueur que Damian McKenzie et Ruben Love. Ce fut le cas à la 34ᵉ minute, avec un ping-pong rugby remporté par le numéro 10 du XV de France. Ce long échange de jeu au pied a d’ailleurs mené au grattage de Mickaël Guillard, encore excellent dans le rôle de troisième ligne centre, avec une puissance et une activité remarquables.
Une bonne gestion de la part de l’ancien Palois qui s’illustre évidemment par ce drop à la 23ᵉ minute, afin de donner une avance de six points aux tricolores (7-13). Mais le demi d’ouverture français a aussi multiplié les jeux aux pieds rasants au niveau des 22 mètres All Black pour maintenir les Néo-Zélandais dans leur camp.
Une confiance et une efficacité dans le secteur du jeu au pied qui va totalement s’inverser en seconde mi-temps, à l’image du jeu au pied d’Antoine Hastoy contré par son propre coéquipier Pierre Beauchaton. Ce changement de dynamique dans le « kicking game » illustre la domination des coéquipiers d’Ardie Savea, avec Damian McKenzie qui va gérer tranquillement la rencontre, bien aidé par la rentrée de Jordie Barrett.
Des Bleus sous pression
La gestion du joueur des Chiefs s’illustre principalement par un type d’action qu’il a multiplié dans ce match : les coups de pieds rasants. Une stratégie sûrement travaillée en amont par le staff des All Blacks, pour contrer les montées défensives françaises, très rapides et agressives.
Ces jeux aux pieds déposés dans le dos de la défense du XV de France ont mis sous pression le troisième rideau bleu, qui avait tendance à monter avec ses ailiers pour couper les extérieurs.
Damian McKenzie s’est donc énormément appuyé sur ce style de jeu au pied, avec beaucoup de précisions, pour trouver des zones libres et laisser le temps à ses coéquipiers de défendre sur les arrières français. Une tactique qui est à l’origine de l’essai du troisième ligne des Hurricanes Du’Plessis Kirifi, suite à une erreur de l’arrière du Stade Français Léo Barré.
Fabien Galthié et son staff vont donc devoir travailler ces problèmes de couverture, avec un Léo Barré en difficulté face au jeu d’occupation des All Blacks. Mais cette mauvaise occupation du troisième rideau est un problème collectif, avec un manque de communication entre Théo Attissogbé, Gabin Villière, Léo Barré, voire Nolann Le Garrec et Antoine Hastoy. L’essai du serial marqueur Will Jordan en est la preuve, après le jeu au pied par-dessus de Cortez Ratima, qui a trouvé les bras de son coéquipier, seul au monde.
Ces espaces après les jeux aux pieds de pression néo-zélandais ont été parfaitement exploités par les joueurs de Scott Robertson. Contrairement à son vis-à-vis du jour, le jeune arrière Ruben Love s’est illustré dans le jeu aérien, récupérant notamment sa propre chandelle, sans opposition.
Si Damian McKenzie a pu contrôler la deuxième mi-temps à sa guise, c’est en partie grâce à la rentrée de Jordie Barrett. Le joueur du Leinster a été précieux de par sa puissance et sa capacité à fixer les adversaires au centre du terrain, pour provoquer des espaces pour son numéro 10, mais aussi en défense. Son plaquage salvateur sur Émilien Gailleton, rentré à la place de Léo Barré, en est le parfait exemple.
Le remplacement de Léo Barré a fait basculer Théo Attissogbe au poste d’arrière, un changement qui fut tout sauf un cadeau pour le jeune Palois. Le champion du monde U20 a fait ce qu’il a pu pour contre-attaquer et donner du dynamisme à l’attaque des Bleus. Mais il fut trop souvent seul et enfermé par les jeux aux pieds des All Blacks, notamment par le demi de mêlée remplaçant Noah Hotham, concédant des touches dans ses propres 22 mètres.
Les triples champions du monde ont donc été bien plus précis et efficaces dans le secteur du jeu au pied durant l’ensemble de la rencontre. Même s’il faut souligner la première mi-temps des Bleus, menés par Antoine Hastoy, qui menaient 17-19 avant le retour aux vestiaires. Damian McKenzie et ses coéquipiers ont ensuite maîtrisé les Français avec de longs jeux au pieds rasants dans des zones libres et une défense très rapide pour enfermer le troisième rideau adverse.
Ruben Love et « DMac » apportent des profils différents à Scott Robertson. Une solution supplémentaire pour le staff All Black afin de suppléer les frères Barrett en cours de match, toujours indispensables dans l’effectif des hommes en noir. En revanche, l’absence d’un joueur comme Thomas Ramos s’est cruellement fait ressentir durant l’ensemble de cette série. Le leadership et la qualité de jeu au pied du Toulousain aurait été un atout supplémentaire pour faire face aux Barrett, McKenzie, Jordan, Love… Trois matchs qui n’auront pas permis aux tricolores de décrocher une victoire sur les terres néo-zélandaises.