Qu’il le veuille ou non, Uini Atonio est devenu l’un des visages du rugby français. À La Rochelle, il fait partie des grands noms qui ont aidé à l’ascension du club, avec Levani Botia et Romain Sazy. Avec le XV de France, le droitier est le deuxième international français le plus expérimenté du Top 14, encore en activité, avec 68 sélections. Ce week-end, en Champions Cup, son retour en jeu contre les Leicester Tigers était donc particulièrement scruté, au cœur de la victoire rochelaise (39-20).
À Marcel-Deflandre, Uini Atonio a remplacé l'Argentin Joel Sclavi à la 57ᵉ minute de jeu. Pour son retour, il a surtout essayé de retrouver son rythme. Une mission qui l’a déjà bien occupé, comme l’indique le joueur avec sa bonne humeur inimitable, en conférence de presse. “Franchement, j’ai pensé plus à mes poumons qu’à ma blessure. J’avais du mal. Tu peux courir sur le côté à l’entraînement autant que tu veux, c’est en match que tu retrouves la forme”, indique-t-il aux journalistes, selon des propos rapportés par Rugbyrama.
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Coach Atonio ? Pas de suite !
Avant ce match international, le droitier n’avait plus joué depuis le 7 juin dernier, à l’occasion de la dernière journée du Top 14 2024/2025. Blessé après seulement quelques minutes de jeu, il était victime d’une désinsertion à un ischio-jambier. Ce pépin physique a eu son importance, puisqu’il a dû rester éloigné des terrains pour le début de saison, après une opération chirurgicale.
Entre-temps, Uini Atonio a surpris le monde du rugby français en transformant son rôle, le temps de quelques mois. En effet, l’iconique pilier rochelais s’est reconverti comme entraîneur dédié à la mêlée au Stade Rochelais. Il remplaçait le Sud-Africain Gurthrö Steenkamp à ce poste. Pendant de longues semaines, il était plus visible en réflexion qu’en action, sur le bord des prés ou depuis les tribunes. Cependant, le natif de Nouvelle-Zélande est de retour avec les crampons aux pieds et il ne compte pas les lâcher pour l’instant.
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Sa reconversion définitive comme coach risque même d’attendre encore un peu. “La tenue grise de coach, je crois que je vais la mettre à la poubelle. Je dois enchaîner. Le plus dur, c’est quand tu ne peux rien faire. Depuis six mois, je suis en haut, là, dans le box, et tu ne peux faire que passer des messages au micro. Mais aujourd’hui, j’étais sur le terrain et je pouvais vraiment m’exprimer”, note le vétéran aux plus de 300 matchs avec le Stade Rochelais.
Par ailleurs, le fait d’être passé de l’autre côté de la barrière lui a aussi permis de faire son autocritique. Dur à bouger en mêlée, Uini Atonio aimerait peser un peu plus sur les débats dans le jeu courant. “Depuis six mois, je dis aux droitiers d’avancer. Alors, s’ils ne me voient pas avancer, je pense qu’ils vont tous se foutre de ma gueule. Du coup, je dois montrer un certain niveau, montrer l’exemple”, précise-t-il. Expérimenté et précieux sur les phases de jeu statiques, le pilier du XV de France veut être capable de gagner, de nouveau, des mètres ballon en main. Pour cela, il faut enchaîner les matchs et retrouver son rythme.
Un solide international du Stade Rochelais dans le viseur de Toulon ?
Un homme attendu en Bleu
Si son retour avec le Stade Rochelais attirait l’attention, sa reprise intéresse aussi les observateurs pour ce qu’elle pourrait apporter avec le XV de France. Pour les échéances à venir, un retour du joueur à son meilleur niveau serait un atout précieux. Comparé à Antoine Dupont, pour l’attention médiatique qu’il cristallise, Uini Atonio a rapidement évacué cet aspect, avec un côté chambreur : “Je n’aime pas trop les caméras. Par contre, Toto, lui, en a l’habitude. Quand il fait les défilés. Il adore ça.”
Focalisé sur les prochaines rencontres des Maritimes, Uini Atonio est sans aucun doute dans le lot de joueurs scrutés par Fabien Galthié pour le prochain Tournoi des VI Nations. Preuve en est, avec Antoine Dupont, il était présent dans le groupe d’entraînement à Marcoussis, pour la dernière fenêtre internationale, alors qu’il était inapte à jouer. Vainqueur de la compétition en 2022 et en 2025, il pourrait être un soutien de poids dans un secteur où les Bleus peinent : la mêlée fermée.
Ces retours qui vont faire beaucoup de bien à la mêlée du XV de France en vue du 6 Nations 2026
Sur l’Autumn Nations Series, le XV de France présente un triste 6/10 au ratio des mêlées gagnées sur leurs propres introductions. Parmi les moments glaçants dans ce secteur de jeu, la rencontre face à l’Afrique du Sud a mis à nu le pack tricolore, avec seulement 40 % d’issues favorables dans ce secteur de jeu. Plus particulièrement au niveau des piliers droits, la première ligne du XV de France est au cœur de nombreux doutes dans les phases statiques, là où excelle justement Uini Atonio.
À 35 ans, le colosse de 1,96 m pour 145 kg est loin d’être passé de mode à Marcoussis. De plus, son retour devrait être associé à celui du Bayonnais Tevita Tatafu (1,83 m pour 133 kg) qui n’a pas encore eu le luxe de s’exprimer sur un Tournoi des VI Nations avec les Bleus. Derrière, la présence de Régis Montagne (1,86 m pour 132 kg) apporte une sécurité supplémentaire pour l’avenir et le présent. Jusqu’en 2027, son contrat avec le Stade Rochelais s’arrête cette année-là, Uini Atonio continuera sûrement d’accompagner les jeunes.
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